
Suite au travail de diplôme d'ambulancier de Sylvain Simonet (ESAMB Genève), un essai contrôlé randomisé multicentrique basé sur la simulation est maintenant publié :
La survie après un arrêt cardiaque extrahospitalier demeure faible, et la qualité de la réanimation cardiopulmonaire (RCP) est un facteur déterminant pour améliorer le pronostic. Parmi les éléments essentiels, la profondeur et la fréquence des compressions thoraciques jouent un rôle majeur. Le dispositif supraglottique i-gel® présente l’avantage de permettre la poursuite des compressions de manière continue, sans interruption pour la ventilation. Cependant, son utilisation a été associée à une diminution de la profondeur des compressions. Par ailleurs, les dispositifs de feedback en temps réel ont montré leur capacité à améliorer la qualité de la RCP dans certaines situations. Néanmoins, leur efficacité lorsqu’ils sont utilisés conjointement à un dispositif supraglottique n’avait pas encore été évaluée.
Dans ce contexte, une étude multicentrique randomisée, basée sur la simulation, a été menée pour déterminer si l’ajout d’un dispositif de feedback pendant la RCP avec i-gel® permettait d’augmenter la proportion de compressions thoraciques réalisées dans la plage de profondeur recommandée (5 à 6 cm). Entre janvier et juin 2023, 68 professionnel·le·s issus de huit services d’urgence préhospitaliers ont participé à l’étude, répartis en 34 équipes. Celles-ci ont été randomisées en deux groupes : un groupe contrôle (sans feedback) et un groupe expérimental (avec feedback). Chaque équipe a réalisé un scénario de dix minutes de RCP adulte sur mannequin, en situation de fibrillation ventriculaire, avec insertion immédiate d’un i-gel®.
Le critère de jugement principal était la proportion de compressions dans la profondeur cible. Les critères secondaires incluaient d’autres indicateurs de qualité de la RCP ainsi que des paramètres ventilatoires. Les résultats n’ont montré aucune différence significative entre les groupes en ce qui concerne la profondeur correcte des compressions (68,6 % [95%CI 57.2-80.1] dans le groupe contrôle contre 60,5 % [95%CI 50.5-70.5] dans le groupe feedback). En revanche, la qualité du relâchement thoracique (chest recoil) était significativement meilleure dans le groupe sans feedback (95,9 % contre 90,2 %, p = 0,024)*. Aucun autre paramètre de RCP ou de ventilation n’a présenté de différence notable.
En conclusion, dans ce modèle simulé, l’ajout d’un dispositif de feedback à une stratégie de gestion des voies aériennes basée sur l’i-gel® n’a pas permis d’améliorer la profondeur des compressions thoraciques et a été associé à une légère diminution de la qualité du relâchement. Ces résultats suggèrent que l’efficacité de ces dispositifs peut dépendre du contexte d’utilisation et soulignent la nécessité d’une évaluation critique de leur apport réel en pratique préhospitalière.
*P.S. Une analyse post hoc de ces données concernant le sous-groupe Genève TEAM Ambulances ne retrouve aucune différence significative. De plus, notre analyse rétrospective systématique (2018–2022) montre une amélioration lorsqu’un protocole de RCP est bien établi, associé à des drills réguliers et à une bonne maîtrise de l’outil de feedback. Dans l’attente de preuves solides en conditions réelles, nous avons choisi de poursuivre leur utilisation en interne, tout en encourageant chaque service à évaluer soigneusement le rapport bénéfice/coût de ces dispositifs dans son propre contexte opérationnel.
Dans ce contexte, une étude multicentrique randomisée, basée sur la simulation, a été menée pour déterminer si l’ajout d’un dispositif de feedback pendant la RCP avec i-gel® permettait d’augmenter la proportion de compressions thoraciques réalisées dans la plage de profondeur recommandée (5 à 6 cm). Entre janvier et juin 2023, 68 professionnel·le·s issus de huit services d’urgence préhospitaliers ont participé à l’étude, répartis en 34 équipes. Celles-ci ont été randomisées en deux groupes : un groupe contrôle (sans feedback) et un groupe expérimental (avec feedback). Chaque équipe a réalisé un scénario de dix minutes de RCP adulte sur mannequin, en situation de fibrillation ventriculaire, avec insertion immédiate d’un i-gel®.
Le critère de jugement principal était la proportion de compressions dans la profondeur cible. Les critères secondaires incluaient d’autres indicateurs de qualité de la RCP ainsi que des paramètres ventilatoires. Les résultats n’ont montré aucune différence significative entre les groupes en ce qui concerne la profondeur correcte des compressions (68,6 % [95%CI 57.2-80.1] dans le groupe contrôle contre 60,5 % [95%CI 50.5-70.5] dans le groupe feedback). En revanche, la qualité du relâchement thoracique (chest recoil) était significativement meilleure dans le groupe sans feedback (95,9 % contre 90,2 %, p = 0,024)*. Aucun autre paramètre de RCP ou de ventilation n’a présenté de différence notable.
En conclusion, dans ce modèle simulé, l’ajout d’un dispositif de feedback à une stratégie de gestion des voies aériennes basée sur l’i-gel® n’a pas permis d’améliorer la profondeur des compressions thoraciques et a été associé à une légère diminution de la qualité du relâchement. Ces résultats suggèrent que l’efficacité de ces dispositifs peut dépendre du contexte d’utilisation et soulignent la nécessité d’une évaluation critique de leur apport réel en pratique préhospitalière.
*P.S. Une analyse post hoc de ces données concernant le sous-groupe Genève TEAM Ambulances ne retrouve aucune différence significative. De plus, notre analyse rétrospective systématique (2018–2022) montre une amélioration lorsqu’un protocole de RCP est bien établi, associé à des drills réguliers et à une bonne maîtrise de l’outil de feedback. Dans l’attente de preuves solides en conditions réelles, nous avons choisi de poursuivre leur utilisation en interne, tout en encourageant chaque service à évaluer soigneusement le rapport bénéfice/coût de ces dispositifs dans son propre contexte opérationnel.
Cette news a été soumise par Loric Stuby